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Quand une enfant qui voulait sauver des vies devient la femme qui révèle des destinées

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I. L'ENFANT QUI SAVAIT DÉJÀ

J'avais 8 ans quand j'ai compris que le monde n'était pas fait pour les rêves des petites filles comme moi.

Kinshasa 1998 puis 2000, en l’espace de 2ans je venais de perdre deux êtres chers : ma tante, ma grand-mère. Parties trop tôt, sans signe, sans préparation, faute de soins et faute de moyens.

Cette enfant, c'était moi et j’avais tout juste 7ans.

Et ce jour-là, dans cette douleur qui m'arrachait le cœur, je me suis fait une promesse : je sauverais des vies, pas une, mais des vies au pluriel.

Alors j'ai tracé mon plan avec la logique implacable d'une enfant qui refuse de revivre la séparation. Médecine pour sauver directement, pour intervenir, pour que plus jamais une famille ne perde quelqu'un qu'elle aime faute de soins. Polytechnique pour financer, pour créer deux polycliniques : une gratuite pour ceux qui n'ont rien, une payante pour assurer la continuité.

À 8 ans, j'avais déjà compris ce que beaucoup d'adultes ignorent encore : la générosité sans stratégie s'épuise, et l'ambition sans mission s'égare.

Cette enfant savait déjà qu'on n'a pas à choisir entre qui on est et ce qu'on crée.

Mais très vite, on m'a coupé les ailes. On m'a dit que ces deux cursus étaient diamétralement opposés, qu'il fallait choisir l'un pour renoncer à l'autre. On m'a fait croire que choisir c'était renoncer, que pour réussir il fallait tracer une ligne droite, que mes multiples passions étaient de l'éparpillement et non de la richesse.

Alors j'ai essayé de devenir conforme, j'ai essayé de rentrer dans les lignes.

Mais l'identité et la mission sont plus fortes que tout. Elles se sont exprimées autrement : dans chaque projet, dans chaque élan, dans cette incapacité viscérale à faire une seule chose à la fois.